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démarche
Christine Tchouhadjian est une artiste dont l’oeuvre travaille autour de nature et culture. Ces pièces en bois et en papier interrogent le végétal, jouent avec le vivant.
Christine Tchouhadjian est une glaneuse. Elle fait les poubelles, les poubelles de la forêt, de l’histoire, de son histoire. Glaneuse de papier glacé autant que d’arbre centenaire, elle passe le plus clair de son temps dans les sous-bois et les salles d’attente. Elle erre entre les temps du vivant et du mort.
Ses origines arméniennes ont-elles à voir avec ces cicatrices végétales : ces papiers
consommés, ces arbres abattus, déchiquetés.
Que cherche-t-elle dans ces bois écorchés, éclatés et ces papiers glacés frivoles et aliénants? Pourquoi veut-elle remettre en scène ce végétal délaissé? Pourquoi ce désir d’appropriation, de possession?
Quelle est cette utopie? Ce jeu dangereux et douloureux de réconciliation d’éléments irréparables. Comment peut-on réconcilier le papier glacé et l’arbre tronçonné?
Christine Tchouhadjian, pacifiste, est attachée au beau, à l’harmonie entre les êtres et les éléments. Mais elle ne semble pas dupe : son esthétique est une tentative de réparation, de soin, de deuil autant que d’évitement.
Elle voudrait panser le monde de ses plaies avec élégance. A-t’elle peur de repenser l’horreur de ce monde? Ou plutôt la pudeur de ne pas
nous la montrer?
Ces bois et ces papiers, mis en scène avec délicatesse crient une violence lointaine
et sans doute insoutenable.
Christophe Loizillon
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